16 novembre 2016

TREES OF ETERNITY: la dernière heure d'un rossignol

TREES OF ETERNITY 2013 - Juha Raivio & Aleah Stanbridge

La mort est un sujet qui nous est familier dans le Metal, et particulièrement dans des genres comme le Death, le Metal Gothique ou encore son ascendant direct qui nous intéresse ici: le Doom Metal. Mais quand un tel thème interfère avec un réel événemment, ironie tragique, il apporte à l'oeuvre une dimension particulière pour ses auteurs comme pour ses auditeurs.
L'un de ces tragiques événements fut la perte d'Aleah Stanbridge, chanteuse et cofondatrice de TREES OF ETERNITY. La suédoise d'origine sud-africaine est en effet décédée le 18 avril dernier dans les suites d'un cancer, à l'aube de ses quarante ans. Elle est également connue pour ses nombreuses partipations au sein du groupe SWALLOW THE SUN comme guest, photographe et comme comédienne sur le clip de "Cathedral Walls". On notera également ses interventions sur le dernier opus de AMORPHIS, Under the Red Cloud,  ainsi que quelques compositions solo.

C'est donc à titre posthume que parait l'album Hour of the Nightingale, premier et unique aboutissement du projet TREES OF ETERNITY. Et quel album!


TREES OF ETERNITY est fondé par Aleah et son compagnon Juha Raivio, guitariste de SWALLOW THE SUN, en 2009. Le duo travaillait alors sur le titre "Lights on the Lake" de SWALLOW THE SUN pour son album (que dis-je, son chef d'oeuvre!) New Moon, et commença à composer ensemble au fil des répétitons. 
Une première démo éponyme de quatre titres paraît en 2009, puis est rééditée sous le nom de  Black Ocean en 2013 alors que le line-up du groupe se complète. S'intègrent ainsi au projet les frères Fredrik et Mattias Norrman (tous deux ex-KATATONIA et membres d'OCTOBER TIDE), et Kai Hahto à la battereie (WINTERSUN, ex-SWALLOW THE SUN).

En préparation depuis 2014, Hour of the Nightingale voit finalement le jour le 11 novembre 2016 chez Svart Records. Il est aggrémenté d'une sublime pochette (à découvrir en bas de l'article!) signée Fursy Teissier (LES DISCRETS) centrée par une figure féminine angélique, dessinée à l'image de la défunte chanteuse à la très longue chevelure noire. La figure semble sur le départ, accompagnée de son fidel destrier et deux torches à la main qui illuminent son chemin vers son ascension, resprésentée sous la forme d'un oiseau qui domine la scène de par son éclat.
Elle est entourée des quatre éléments (les vagues, les arbres, les torches et l'oiseau), lui conférant un caractère éternel tout en divulgant la grande part atmosphérique de l'album. La pochette est à la fois un très bel hommage à la chanteuse et la parfaite représentation de la musique du groupe.

L'album compte dix titres, dont quatre sont les morceaux de la démo dans leur version finale: "My Requiem", "A Million Tears", "Black Ocean" et "Sinking Ships". Les quatre premiers sont ici plus lourds, plus "Metal" que dans la démo. La ballade "Sinking Ships" reste la plus proche de la version démo: entièrement acoustique, sont seulement ajoutés quelques discrètes orchestrations du plus bel effet.
Des premières notes de "My Requiem" à la fin de l'album, on est immédiatement transporté par un Doom Metal tant lourd et mélancolique que léger et lumineux. Les lignes mélodiques sont simples et délicates, parfois ponctuées de touches orchestrales. Le chant d'Aleah complète l'instrumentation à la perfection. D'une pureté rare, sa voix pourtant douce prénètre et domine les mélodies lourdes et puissantes. Son chant est rayonnant, éthéré et lointain, allant jusqu'au murmure. Il est d'ailleurs parfaitement décrit au sein du titre éponyme (en écoute ci-dessous): "Her voice is like the colours of the dawn, it pierces like an arrow through a storm".
On ne peut que tomber sous le charme de cette voix si angélique qui nous semble nous livrer en ce "Memento Mori" ses dernières paroles avant sa mort. Toutes écrites de la main de la chanteuse, ces paroles mélancoliques gagnent encore une profondeur et une intensité émotionnelle immenses après sa mort.





Les musicens anglais Mick Moss (du groupe de Metal Atmosphérique ANTIMATTER) et Nick Holmes (de PARADISE LOST) viennent répondre au chant d'Aleah respectivement sur "Condemned to Silence" et le dernier titre "Gallows Bird". Une collaboration qui me ravit, étant une immense fan de ces deux groupes aux univers assez proches de celui de TREES OF ETERNITY (en particulier ANTIMATTER). Chacun des deux artistes apporte sa touche au morceau, tout en délicatesse. Une belle réussite.
"Gallows Bird", qui clôture l'album, se veut encore plus lourd et puissant que les précédents titres. Son riff d'introduction semble répondre au premier riff de l'album sur "My Requiem", lumineux et aérien, par une ambiance bien plus sombre et oppressante, non sans rappeler ceux d'un DRACONIAN. On retrouve de même une dualité entre le chant féminin angélique et le chant grave et perçant de Nick Holmes, qui viendrait appliquer la sentance fatale. Un titre fort qui joue parfaitement son rôle. Et certainement aussi l'un de mes préférés.


Pour conclure, je ne saurais que vous conseiller l'écoute de cet album, qui après des années d'attente m'a conquise d'un bout à l'autre. Tant accessible et éthéré que lourd et "Metal", il saura toucher les amateurs de musique atmosphérique mélancolique de tous horizons que les adeptes de genres plus extrêmes (sauf les auditeurs en quête de brutalité et d'immédiateté, évidemment).
Il aurait été dommage qu'un tel album ne puisse voir le jour, même si personne ne pourra jamais découvrir ces morceaux sur scène portés par la voix d'Aleah. Sera-t-il l'unique offrande de ce projet au départ personnel et intimiste? TREES OF ETERNITY trouvera-t-il un jour une nouvelle voix pour le porter? En attendant de pouvoir répondre à ces interrogations, nous pourrons redécouvrir et déguster ces quelques titres. Pour l'éternité.


Écouter gratuitement  Hour of the Nightgale (sortie le 11/11/2016) : 

TREES OF ERTERNIY - Hour Of The Nightingale album cover



Aleah Stanbridge 2013


“Too late you're calling out my name
To raise me up out of my grave
Alive in memory I'll stay
If you shun these waters where I lay”

R.I.P



2 commentaires:

  1. Salut Mandy! Merci pour ta visite!
    Ce n'est pas vraiment un "album hommage", puisqu'il était terminé et devait de toute façon sortir sous cette forme, mais avec le décès d'Aleah sa portée a changé!
    Je te conseille cet album à 1000%, d'autant plus que je sais que tu es sensible aux belles voix féminines!

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  2. Belle chronique. Je viens de découvrir sur Deezer et d'apprendre en même temps que la chanteuse est décédé... c'est triste.
    En tout cas très agréable à écouter et une voix sublime...

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